A Béjaïa, le marasme occasionné par les conditions socioéconomiques intenables, subi par les commerçants, a contraint beaucoup d’entre eux à travailler au noir pour nourrir leurs familles et payer les charges (impôts, factures, salaires et fournisseurs).
Les commerçants de la wilaya de Béjaïa ont décidé de braver «l’interdit» et d’ouvrir leurs commerces fermés depuis trois mois dans le cadre de la lutte contre la propagation de la Covid-19. La rencontre qui a eu lieu hier entre les commerçants et le wali de Béjaïa n’a abouti à aucune solution.
Le wali n’a pas ordonné lors de cette rencontre la réouverture des commerces. Selon un membre de la délégation, le chef de l’exécutif de la wilaya a dit : «Je ne suis qu’un exécutant tenu par l’application des décisions et directives venant des autorités centrales.»
Il a promis, néanmoins, de «transmettre les doléances des commerçants de Béjaïa à sa hiérarchie», ajoute-t-on.
Plus d’une centaine de commerçants venus des quatre coins de la wilaya de Béjaïa ont manifesté, hier, devant le siège de la wilaya pour exiger du wali de signer une décision qui leur permettra de rouvrir boutique.
Après les commerçants d’El Eulma, dans la wilaya voisine de Sétif, c’est au tour de ceux de Béjaïa de sortir dans la rue pour exprimer une colère qui couvait depuis des semaines.
En plus de la réouverture des commerces, ils demandent l’indemnisation des pertes occasionnées par le confinement durant les trois derniers mois.
Le marasme occasionné par les conditions socioéconomiques intenables que subissent les commerçants, a contraint beaucoup d’entre eux à travailler au noir pour nourrir leurs familles et payer les charges (impôts, factures, salaires et fournisseurs).
Les transporteurs, les magasins d’habillement, les cafétérias, les restaurants, les débits de boissons alcoolisées, les artisans, entre autres, sont concernés par cette éventuelle décision qui viendra soulager des milliers de familles non prises en charge convenablement par l’administration.
Celle-ci a proposé 10 000 DA seulement pour cette période de trois mois. La tension monte devant le portail du siège de la wilaya. Le wali est face à un dilemme.
La réouverture de certains commerces est synonyme de regroupement auquel il faudra remédier.
Mais pour un commerçant, «il est illogique de demander à un vendeur d’habillement qui reçoit des clients en petit nombre de fermer à cause de la pandémie et d’autoriser des supérettes qui drainent plus de monde !», fulmine-t-il.
Un gérant d’auto-école nous dira également que même les petites entreprises ne tiendront pas le coup sans aide. «Pour le cas des auto-écoles par exemple, les gérants sont asphyxiés par les charges à payer, comme le loyer, les assurances, les impôts, l’employé et les factures ménagères. On n’arrive plus à subvenir à nos besoins alimentaires, ça sera la faillite si cela continue», dira l’un d’eux.
«Aujourd’hui, nous sommes au bord du gouffre. Beaucoup d’entre nous mettront la clé sous le paillasson si le wali ne décide pas d’une réouverture des commerces tout en mettant en œuvre les mesures de prévention», ajoutera un commerçant.
Un autre s’engage «à distribuer dans son magasin des bavettes lavables confectionnées par les associations». «A ce propos, ajoute-t-il, les associations peuvent compter sur nous pour distribuer ces masques et vulgariser pour leur port obligatoire.» L’invitation à entrer au siège de la wilaya tarde à venir.
La circulation automobile – très dense en ces temps de confinement – est perturbée par un rassemblement sur la chaussée.
Le président du syndicat des commerçants de Béjaïa tente d’organiser la foule, mais en vain. «Nous ne voulons pas de syndicat, nous sommes venus entendre une décision favorable», crie un commerçant qui appelle ses collègues à ouvrir, quelle que soit la réponse de l’administration. Sur place, la foule improvise en entonnant les slogans et les chants habituels du hirak.
Rassemblement devant le siège de la wilaya à Ghardaïa
Les commerçants de la wilaya de Ghardaïa ont organisé, hier, un rassemblement devant le siège de la wilaya, a-t-on appris d’une source locale.
Les protestataires, regroupés devant le portail du siège de l’administration de wilaya, réclament des autorités l’ouverture de leurs locaux commerciaux.
Munis de bavettes, les commerçants exerçant dans des différents quartiers du chef-lieu de la wilaya du Sud assurent que leurs «pertes sont énormes» à cause de l’obligation de fermer leurs magasins suite à la crise de la Covid-19 depuis trois mois.
Ils relèvent également que les aides de l’Etat annoncées par les pouvoirs publics ne leur permettent pas d’assurer les charges (loyers, salaires, impôts, etc.).
Les commerçants promettent, en cas d’ouverture des locaux, de respecter les règles de distanciation sociale et de gestes barrières, pour protéger les clients. R. S.