Un sénateur interpelle le gouvernement sur les visas aux Algériens



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Un sénateur de Paris donne suite à un rapport critique de l’Assemblée nationale sur la délivrance des visas, en adressant une question au gouvernement sur le cas algérien.

Qui s’inquiète encore du sujet des visas pour les Algériens qui ont grandement baissé en 2020, comme nous l’avions évoqué dans El Watan il y a peu. Apparemment, la diminution constatée s’explique par la pandémie mondiale, mais aussi par la crainte des allers sans retour vers la France.

Un parlementaire de la majorité de droite du Sénat, Pierre Charron, élu de Paris, s’en est inquiété par une question posée au ministre de l’Europe et des affaires étrangères après avoir pris connaissance du rapport d’information «sur la politique des visas» déposé par deux députés, M’jid El Guerrab et Sira Sylla, au nom de la commission des affaires étrangères de l’Assemblée nationale.

Les deux députés y énoncent clairement la corde raide de la délivrance méfiante des visas aux ressortissants africains. «La politique des visas poursuit un triple objectif : la prévention du risque sécuritaire, le contrôle des flux migratoires et le renforcement de l’attractivité du territoire», notent-ils, sachant que le troisième aspect reste le parent pauvre.

Dès l’introduction, les députés affirment leur désappointement : «Cette mission est née d’un sentiment de décalage entre l’ambition affichée par l’exécutif et la réalité sur le terrain. Le 28 novembre 2017, le président de la République promettait à la jeunesse africaine «la révolution de mobilité, […] celle qui nous permettra de repenser nos liens, mais aussi la circulation des femmes et des hommes en Afrique, et entre l’Afrique et l’Europe».

Trois ans après ce discours volontariste de Macron à Ouagadougou, les parlementaires «regrettent que la politique des visas à l’égard des populations africaines reste très en deçà de l’ambition présidentielle».

Et ils font les comptes : «En 2019, la France a délivré 3,5 millions de visas de court et de long séjours sur les 4,3 millions de demandes enregistrées par les services consulaires.»

L’argument sécuritaire

Allant plus loin, ils dénoncent «la faiblesse relative du nombre de visas délivrés aux ressortissants d’Afrique subsaharienne. L’Afrique représente près de 15% de la population mondiale (et bientôt davantage) mais seulement 10% des visas délivrés par la France. Seule l’Afrique du Sud, un pays non francophone, figure dans la liste des quinze nationalités à qui la France délivre le plus de visas. Vos rapporteurs ne peuvent que déplorer le décalage avec l’ambition de notre diplomatie culturelle et d’influence sur le continent africain et la promesse présidentielle de développer les allers et retours choisis. La France, de par son histoire ancienne et commune avec l’Afrique, jouit pour l’instant encore d’une rente de situation sur ce continent. Sans une réelle mobilisation, notre pays risque de perdre son avantage en Afrique».

Le rapport insistait sur les raisons du contrôle accentué : «Un des objectifs de la politique des visas est de prévenir la venue de personnes susceptibles de commettre des troubles à l’ordre public sur le territoire national. Le poids de ces considérations a été renforcé ces dernières années du fait des attentats terroristes qui ont frappé la France. La France réalise ainsi un contrôle renforcé du risque sécuritaire à l’égard des ressortissants de certains pays sensibles, ce qui a pu se traduire par une hausse des taux de refus des visas.»

Sachant que l’autre levier est celui de la «gestion migratoire».

«Les refus sont comme une forme d’humiliation»

Le sénateur Pierre Charron dans sa question au gouvernement le 28 janvier s’en tient au cas algérien : «Ce rapport regrette l’importance des taux de refus de visas dans certains pays. ‘‘Le taux de refus moyen à l’échelle mondiale était de 16,3% en 2019, mais en Algérie, ce taux atteignait 45%’’. Vos rapporteurs s’interrogent sur cette volonté clairement chiffrée et objective de fermer la porte de notre pays aux Algériennes et aux Algériens.»

Il revient aussi sur la question du prix des visas qui «peut apparaître très élevé compte tenu du niveau de vie dans certains pays». Il constate que les refus et les difficultés de procédures sont vécus par certains demandeurs «comme une forme d’humiliation».

Le sénateur demande enfin au gouvernement quelles sont les suites qu’il envisage de donner à ce rapport parlementaire. On ignore pour l’heure la réponse du ministre concerné.


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