Une première dans les annales du football algérien ! A la veille d’une Assemblée générale élective (AGE) de la Fédération algérienne de football (FAF), un sélectionneur national sort de son mutisme, en lançant un véritable coup de gueule pour se démarquer de ce que certains qualifient de «mascarade électorale».
S’exprimant lors du dernier stage des Verts au sujet de cette AGE de la FAF, et notamment «l’éjection» de Kheireddine Zetchi qui l’avait placé à la tête de la sélection et avec lequel il entretenait des relations privilégiées, Belmadi qui avait même rencontré le président Abdelmadjid Tebboune en plein stage, a insisté pour que l’EN soit préservée des luttes pour la présidence de la FAF.
Et voilà que deux semaines après ce stage et les deux confrontations (Zambie et Botswana du 22 au 30 mars 2021), Belmadi revient de nouveau à la charge pour évoquer «des conditions chaotiques ne lui permettant pas d’être dans des positions et dans des dispositions à même de mener à bien ses missions d’entraîneur.
Cela a même perturbé sérieusement les joueurs, ce qui est inadmissible à l’échelle d’une sélection», lit-on dans un communiqué publié vendredi soir sur le site de la FAF, portant pour intitulé : «Les précisions de Belmadi».
Des perturbations non induites par une quelconque faille organisationnelle, mais par la course à la succession de Zetchi à la tête de la FAF, comme il cela ressort clairement dans le communiqué : «Tout ce marasme vécu et cette ambiance pesante, en rapport avec les prochaines élections de la FAF l’inquiètent fortement… et ne veut pas être mêlé à d’autres considérations en dehors de ses prérogatives, de son cadre professionnel et de ses engagements avec l’équipe nationale».
Le coach des Verts a donc tenu à se démarquer de cette AGE très particulière et des conditions de son déroulement (conflit Zetchi-MJS, affaire des statuts de la FIFA non amendés, etc.), et surtout à afficher sa neutralité et son refus que son nom soit lié à un quelconque candidat et qu’il en soit une «carte» électoraliste.
Il l’affirme d’ailleurs dans le communiqué en question. «Il ne veut en aucun cas être le soutien de qui que ce soit, ni voir son nom lié ou utilisé dans le cadre d’un quelconque programme voire pour des desseins populistes, estimant qu’il s’était engagé avec la première sélection du pays uniquement pour des objectifs sportifs bien précis», et de conclure en rappelant que «cette situation l’inquiète au plus haut point et risque de compromettre sérieusement l’avenir des Verts lors des prochaines échéances». Un véritable pavé dans la mare lâché par Belmadi, loin d’être fortuit a priori.
En effet, il est d’ailleurs à se demander pourquoi Belmadi n’a pas parlé de ces «grosses perturbations» lors du stage en question, pour finalement s’exprimer à la veille des élections de la FAF. Autre lecture à faire, c’est que Belmadi adresse un message direct et clair au successeur de Zetchi, à savoir Charef Eddine Amara, candidat des décideurs et unique prétendant à la présidence de la FAF. On est d’ailleurs en droit de le penser, sachant que le communiqué de Belmadi via la FAF a été émis vendredi soir.
A ce moment précis, seul le patron du groupe Madar avait déposé son dossier de candidature, à quelque quatre heures de la fin des délais. Rassuré au préalable par le président Tebboune deux semaines auparavant après les inquiétudes qu’il a émises au sujet des retombées de la «guéguerre» autour de la présidence de la FAF et l’éjection de Zetchi, sur son travail et son projet sportif avec la sélection, Belmadi et à travers cette sortie médiatique semble vouloir marquer son territoire.
Il paraît d’ailleurs clair que c’est un message direct à Charef Eddine Amara et son futur bureau fédéral qu’il sera et restera seul maître à bord s’agissant de la sélection nationale, dont le dernier sacre (CAN-2019, ndlr) et le parcours sans faute depuis près de trois ans (24 matchs sans défaite) sous sa coupe font saliver nombreux de cercles, dans un objectif populiste évident de récupération.