Les marches et les rassemblements nocturnes contre le couvre-feu sanitaire, institué durant le mois de Ramadhan entre minuit et 4h, se multiplient. Dans plusieurs villes du pays, des citoyens ont bravé l’interdit pour exprimer leur mécontentement et réclamer la levée du couvre-feu.
Dans la nuit de lundi à mardi, une marche nocturne a été observée à Béjaïa pour protester contre les restrictions de sortie imposées dans cette wilaya à partir de minuit.
Cette ville a connu quelques jours avant une marche nocturne pour les mêmes raisons. D’autres villes, comme Boumerdès, Guelma ou encore Laghouat, ont connu le même type de manifestations. Très éprouvés par les restrictions sanitaires imposées par la pandémie de coronavirus, des dizaines de citoyens font ainsi preuve de défiance envers les autorités en rejetant le confinement et le maintien du couvre-feu en vigueur dans 19 wilayas.
Il faut souligner que beaucoup d’Algériens, activant dans le circuit commercial, dans la restauration ou pratiquant d’autres activités libérales, n’arrivent plus à compenser les pertes énormes qu’ils ont enregistrées durant la première année de pandémie, où ils ont été contraints de rester fermés.
Avec la dégradation de la situation sanitaire, ils craignent un retour au confinement partiel. Une crainte légitime lorsque l’on sait que la situation est de plus en plus préoccupante, avec notamment la multiplication des cas de Covid-19 et la circulation des trois variants nigérian, britannique et indien.
En bravant le couvre-feu, les protestataires semblent vouloir transmettre leur ras-le-bol aux autorités afin qu’elles tiennent compte du marasme qui a gagné la société après une année de restrictions sanitaires qui ont durement impacté la vie des Algériens à tout point de vue. Autrement dit, ils refusent de faire les frais d’un laisser-aller constaté depuis de longues semaines.
Plusieurs spécialistes en médecine ont d’ailleurs tiré la sonnette d’alarme ces dernières semaines quant au non-respect des mesures préventives. Ils ont appelé les autorités à agir afin de faire appliquer le port obligatoire de la bavette et la distanciation physique dans le but de prémunir le pays contre une troisième vague de la pandémie, qui risque d’aggraver la crise socioéconomique dans laquelle patauge le pays et de faire plonger des pans entiers de la société dans la misère.
Des protestations similaires ont poussé, en février dernier, le gouvernement à réduire les restrictions sanitaires en levant le couvre-feu dans une trentaine de wilayas et en l’allégeant dans les autres. Cet allégement a permis la reprise de beaucoup d’activités commerciales à l’arrêt durant de très longs mois. Beaucoup de commerçants vivent avec la peur d’un reconfinement.
Ainsi, ce qu’ils sous-entendent par leurs actions de protestation, c’est que les autorités doivent agir sur les mesures barrières afin d’éviter le recours à des dispositions radicales, comme le confinement ou le couvre-feu.
C’est ainsi, du moins, que certains d’entre eux battent en brèche le maintien du couvre-feu à partir de minuit, alors que durant la journée, aucune mesure barrière n’est respectée. Car, instaurer un couvre-feu à une heure aussi tardive ne servira à rien, si durant la journée, le protocole sanitaire de prévention contre la maladie n’est respecté par personne.
Pour de nombreux observateurs, si l’on veut lutter efficacement contre cette pandémie, il faudra d’abord commencer par faire appliquer l’obligation du port de la bavette.