Violences faites aux femmes

60 % des agresseurs sont des proches



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Près des deux tiers des cas d’agressions faites aux femmes sont commis par des personnes connues de la victime et vivant dans son entourage immédiat. C’est ce qu’a indiqué l’Institut national de santé publique (INSP) dans une étude rendue publique.

Une femme sur trois est plus exposée aux violences à l’intérieur même de son foyer, selon cette étude, qui ajoute que dans 60 % des cas, les agresseurs sont des personnes connues de la victime et vivant dans son entourage immédiat. L’agresseur le plus souvent cité est le mari dans 38 % des cas, selon l’étude menée dans le cadre de la lutte contre la violence à l’égard des femmes que l’INSP qualifie comme priorité de santé publique.

Le document relève que les violences à l’encontre des femmes sont le fait de descendants dans 2 % des cas et de fratrie dans 4 % des cas.

L’étude est basée sur un système de notification d’informations relatives aux femmes victimes de violence. Elle a permis d’estimer la fréquence des femmes agressées qui ont consulté les services de médecine légale des hôpitaux de cinq wilayas (Oran, Alger, Blida, Médéa et El-Oued) durant la période allant du 1er janvier au 31 décembre 2021.

Il ressort de cette étude que les victimes sont des femmes relativement jeunes, avec un âge moyen de 35 ans, et avec des extrêmes allant de 2 ans à 89 ans. Ces femmes sont instruites dans 77 % des cas. Près du quart des femmes agressées, soit 20 %, ont fait des études secondaires tandis que 5 % sont sans instruction.

La même étude révèle que 62 % des femmes qui ont subi des violences sont mariées et 16 % d’entre elles exercent un métier. De plus, l’étude démontre que plus de deux tiers des femmes agressées, soit 64 %, ont consulté toutes seules alors que le reste des femmes sont accompagnées par un membre de la famille.

L’étude démontre également que les caractéristiques des agresseurs montrent qu’ils sont instruits. Mais « le niveau d’instruction ne semble pas être un frein à la violence. Au contraire, il lui confère une autre caractéristique », fait constater l’étude. De plus, 64 % des agresseurs sont des chômeurs, ce qui représente un facteur de risque selon les auteurs de cette étude. Il est également noté que les voisins et les inconnus représentent respectivement 8 % des personnes ayant commis des violences à l’encontre des femmes.

En ce qui concerne la nature des violences, celles-ci sont majoritairement physiques : 89 % des agressions signalées se manifestent sous forme de coups et blessures volontaires. En ce qui concerne les agressions psychologiques, elles sont à leur tour représentées par des signes d’angoisse et de choc émotionnel. Toutefois, il est souligné que les violences psychologiques et sexuelles restent encore mal reconnues par les victimes.

Concernant la prise en charge au niveau des structures de santé, 72 % des femmes agressées ont bénéficié d’une prise en charge médicale et seulement 17 % d’entre elles ont été prises en charge pour une consultation psychologique.

En outre, les victimes ont bénéficié d’une ITT (incapacité totale de travail) de 7 jours en moyenne. Il est souligné que « cette incapacité entraîne une perte d’autonomie et des fonctions du fait de l’emplacement des blessures ou de la perte complète d’une fonction particulière, telle la perte d’un œil ou la paralysie d’un membre ».

Le document de l’INSP souligne également que l’« établissement du certificat médical constitue une pièce essentielle lors du dépôt de plainte qui permet au magistrat de mesurer l’importance des dommages subis, la gravité des agressions et de décider des poursuites judiciaires à la lumière des faits établis », précisant que « dans 36 % des cas, ce certificat médical n’a pas été délivré pour la victime ».

Appel à une action globale

L’étude est conclue par une série de recommandations pour une meilleure prise en charge des femmes victimes de violence. Il est ainsi préconisé d’apporter aux personnels de la santé une compréhension du phénomène des violences à l’encontre des femmes et signaler les principaux signes cliniques. Il s’agit aussi d’encourager le dépistage, les soins, l’accompagnement et l’orientation des femmes victimes de violence.

De plus, un intérêt particulier devrait être accordé à une meilleure coordination des ressources humaines et matérielles incluant les gynécologues, les ophtalmologues, les médecins légistes, les orthopédistes, les psychologues, les psychiatres et les généralistes. Les auteurs de cette étude recommandent aussi la mise en place d’une action globale du secteur de la santé contre les diverses conséquences de la violence à l’égard des femmes. Cela notamment à travers la création de procédures et de protocoles officiels d’orientation recours.

Dans cette optique, les autorités concernées devraient prévoir une enquête nationale sur les violences faites aux femmes et élargir le champ de déclaration et de suivi des femmes victimes de violence aux différentes régions sanitaires, et ce afin de pouvoir calculer et comparer le taux de prévalence de ces violences. Cette collecte de données élargies contribuerait ainsi à élaborer une stratégie avec des objectifs bien définis dans le cadre d’un plan national pour la protection des femmes contre toutes les formes de violence.

Il convient de noter que l ‘Assemblée générale de l’Organisation des Nations unies a adopté en 1993 la Déclaration sur l’élimination de la violence à l’égard des femmes. Elle la définit comme tout « acte de violence dirigé contre le sexe féminin, causant ou pouvant causer aux femmes un préjudice ou des souffrances physiques, sexuelles ou psychologiques, y compris la menace de tels actes, la contrainte ou la privation arbitraire de liberté, que ce soit dans la vie publique ou dans la vie privée ».

Par la suite, l’Organisation mondiale de la santé a permis une prise de conscience collective sur le phénomène de la violence, particulièrement à l’encontre des femmes. Elle la considère comme une priorité de santé publique.

Pour rappel, en Algérie, une enquête nationale a été réalisée en 2002-2003 par l’institut national de santé publique (INSP) sur les violences faites aux femmes, en collaboration avec les ministères chargés de la Justice, de la Jeunesse et des Sports, de l’Intérieur et de la Solidarité avec les associations.

Il s’agissait d’une première enquête nationale sur ce phénomène qui avait concerné les structures hospitalières, les services de police et de gendarmerie, les centres d’écoute et d’hébergement des associations d’aide aux femmes en détresse. Cette enquête avait révélé que les victimes étaient relativement jeunes, les quatre cinquièmes d’entre elles ayant moins de 45 ans et le tiers avait fait des études secondaires. Plus de la moitié des agressions ont eu lieu au domicile et la violence conjugale était importante dans les deux tiers des cas.

Par la suite, l’INSP a pris part à l’élaboration d’une stratégie nationale de lutte contre la violence à l’égard des femmes. A cet effet, un système de collecte a été mis en place par un système permanent de notification des cas de femmes agressées afin de cerner les différentes formes de violence faite aux femmes ainsi que l’identification et l’amélioration du circuit relatif à leur prise en charge.


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