La menace terroriste sera au cœur de la 12e réunion des Points focaux du Centre africain d'études et de recherche sur le terrorisme (Caert) qui s'est ouverte ce mardi à Alger.
La réunion annuelle, qui s'étalera sur deux jours, portera sur l'analyse du rapport d'activités annuel du Caert. Les participants seront appelés à réfléchir sur la "Promotion de l'équilibre entre la lutte contre le terrorisme et les droits de l'Homme en Afrique", thème de cette édition.
Une problématique qui sera au cœur des débats entre experts africains, mais aussi européens. D'autant que les menaces actuelles sont de plus en plus liées aux déplacements des réseaux terroristes vers le continent africain. Le glissement de cette menace des régions moyen-orientales vers le Sahel ou l'Afrique centrale impose de nouvelles grilles d'analyses et oblige les gouvernements ou les autorités dépositaires du maintien de l'ordre à repenser les techniques de lutte et à mobiliser d'autres ressources et d'autres moyens pour faire face aux dangers de la radicalisation au sein de la société. Soulignant l'importance de cette rencontre, le représentant algérien à cette réunion a estimé que celle-ci se présente comme "une plateforme africaine d'échanges et d'analyses d'informations et de bonnes pratiques dans la lutte commune contre le terrorisme et l'extrémisme violent".
Occasion pour lui de lancer un appel aux pays africains à développer davantage de coopération sur différents niveaux, à améliorer la coordination de leurs actions et efforts nationaux et à agir ensemble dans un esprit de complémentarité et de solidarité.
Puisque le terrorisme ne connaît pas de frontières, cette lutte contre le phénomène exige une forme d'organisation collective, transfrontalière et solidaire. C'est cette nouvelle exigence qui s'impose aujourd'hui aux Africains, notamment leurs Etats et leurs sociétés victimes de la déferlante terroriste.
Selon des estimations fournies par des officiels algériens, la chute de Daech en Irak et en Syrie, par exemple, va amener le retour ou la migration de plusieurs milliers de terroristes en Afrique, notamment dans des zones les moins protégées et contrôlées. De plus, ce retour
coïncide avec la forte circulation des armes de guerre, de tous calibres. Chaque jour, pour exemple, les unités de l'armée algérienne découvrent des caches d'arsenaux et des quantités incroyables de munitions.
Avec l'instabilité régnante en Libye et la croissance des activités criminelles des groupes mafieux, entre contrebande et réseaux de drogue, ainsi que leur interactivité, le danger devient réel et risque d'engendrer des troubles et des tensions qui vont s'inscrire dans la durée. Un danger qui ne menace pas uniquement la stabilité des Etats ou des sociétés africaines, mais leur existence en tant que communautés humaines.
C'est ce redéploiement de la présence terroriste dont l'Afrique commence à ressentir et à subir les effets qui pose problème et incite à la vigilance.
Pour rappel, les travaux ont été ouverts par le directeur du Caert, Larry Gbevlo-Lartey Esq, en présence du haut commissaire à la paix et à la sécurité de l'UA, Smaïl Chergui, de l'ambassadeur d'Espagne en Algérie, Fernando Moran Calvo-Sotelo et du représentant de l'Algérie auprès du ministère des Affaires étrangères, Haoues Riache.
La 11e réunion annuelle de 2011, qui s'était déroulée à Alger, avait constitué une opportunité pour les pays africains et les partenaires étrangers de partager leurs analyses sur la menace terroriste qui pèse sur le continent et a permis de renforcer davantage la prévention de la radicalisation, soulignant la nécessité de mettre en place, à cette fin, des plans d'action.
Pour l'Espagne, qui apporte un soutien financier pour l'organisation des réunions des Points focaux du Caert, d'une valeur de 200 000 dollars en 2017 et 150 000 dollars en 2018, "la coopération avec l'UA est fondamentale" dans le domaine de la lutte antiterroriste et apporte une attention particulière au continent africain pour le maintien de la paix et la sécurité.
Reconnaissant le leadership de l'Algérie dans la lutte antiterroriste au niveau africain et global, l'Espagne, par la voix du représentant de son ambassadeur à Alger, a réitéré son soutien au Caert, et ce, depuis sa création à travers le financement des réunions annuelles, sur "la prévention et lutte contre le terrorisme".