Les relations entre l'Algérie et la France connaissent une nouvelle dégradation majeure. Après plusieurs mois de tensions diplomatiques, un nouveau palier a été franchi le mercredi 6 août 2025, avec la publication d’une lettre du président Emmanuel Macron adressée à son Premier ministre François Bayrou. Cette missive, annonçant des mesures ciblant directement l'Algérie, a suscité une réaction immédiate d'Alger. Le lendemain, jeudi 7 août, les autorités algériennes ont répliqué en deux temps, par un communiqué ferme et des mesures concrètes.
Dans un premier temps, le ministère algérien des Affaires étrangères a publié un communiqué dénonçant les décisions françaises, notamment en matière de visas. L'Algérie y affirme clairement son refus de céder à toute forme de pression ou de chantage, soulignant :
« L’Algérie ne cède pas à la pression, à la menace et au chantage, quels qu’ils soient. »
Cette déclaration traduit une volonté de fermeté face à ce qui est perçu comme une démarche unilatérale et inamicale de la part de la France.
En fin de journée, l'escalade diplomatique s'est matérialisée par la convocation du chargé d’affaires de l’Ambassade de France à Alger (l’ambassadeur étant absent depuis son rappel le 15 avril dernier) au ministère algérien des Affaires étrangères. Deux notes verbales lui ont été remises, actant des décisions importantes qui affecteront directement la présence française en Algérie.
La première mesure annoncée est la dénonciation officielle par l’Algérie de l'accord bilatéral de 2013, qui permettait l’exemption de visa pour les titulaires de passeports diplomatiques et de service. Contrairement à la simple suspension décidée par la France, l’Algérie va plus loin en mettant un terme définitif à cet accord.
Désormais, les diplomates et fonctionnaires français devront obligatoirement obtenir un visa pour entrer en Algérie. Le communiqué précise que ces visas pourraient être soumis aux mêmes conditions que celles imposées par la France aux ressortissants algériens, instaurant ainsi un principe de réciprocité stricte.
La seconde note verbale porte sur les biens immobiliers appartenant à l’État algérien, mis à la disposition de l’ambassade de France à Alger. L’Algérie a annoncé :
La fin de la mise à disposition gratuite de ces biens.
Le réexamen des baux avantageux contractés avec les organismes de gestion immobilière algériens (OPGI).
L’invitation faite à la France de dépêcher une délégation pour négocier de nouveaux termes contractuels.
Ces décisions traduisent une volonté d’Alger de revoir en profondeur les privilèges historiquement accordés à la représentation diplomatique française, dans un contexte de relations dégradées.
Ces mesures marquent un tournant symbolique et concret dans les relations franco-algériennes. Elles témoignent d'une volonté algérienne de s’affirmer comme un partenaire à égalité, refusant désormais les arrangements hérités d’une relation souvent marquée par des déséquilibres postcoloniaux.
La dénonciation d'accords bilatéraux, la remise en question des privilèges diplomatiques et l'instauration d’un rapport de réciprocité dans les visas pourraient durablement modifier la nature des échanges entre Paris et Alger.
Cette nouvelle crise, bien plus structurelle qu'un simple épisode diplomatique, pourrait avoir des répercussions dans plusieurs domaines : coopération sécuritaire, économique, culturelle et sur la situation des diasporas. À moins d’une désescalade rapide, le refroidissement des relations entre les deux capitales semble s’inscrire dans la durée.